|
L'ASCENSION VERS LA VÉRITÉ
Drame de la vie en un prologue, sept étapes et un épilogue
PERSONNAGES :
LE PHILANTHROPE LE PESSIMISTE LE SAVANT L'ARTISTE TROIS ÉTUDIANTS DEUX AMANTS L'ASCÈTE DEUX ASPIRANTS
Prologue : dans l'atelier de l'Artiste, réunion préliminaire. Les sept étapes de l'Ascension, la septième étant au sommet. Épilogue : le monde nouveau.
Page – 437 Prologue Dans l'atelier de l'Artiste
(Le soir, à la tombée de la nuit, fin d'une réunion tenue par un petit groupe d'individus unis dans une commune aspiration de trouver la Vérité. Sont présents : L'homme de bonne volonté, le Philanthrope. L'homme que la vie a déçu et qui ne croit plus à la possibilité du bonheur sur la terre. Le Savant qui veut résoudre les problèmes de la 'Nature. L'Artiste qui rêve d'un idéal plus beau. Un groupe de trois Étudiants (deux garçons et une fille) qui ont confiance en une vie meilleure, et en eux-mêmes. Deux Amants qui sont à la recherche de la perfection dans l'amour humain. L'Ascète qui est prêt à toutes les austérités pour découvrir la Vérité. Deux êtres qu'une semblable aspiration a rapprochés et qui ont choisi l'Infini parce qu'ils ont été choisis par l'Infini.) Le rideau s'ouvre.
L'ARTISTE Mes chers amis, notre réunion tire à sa fin, et avant de la clore et de prendre la résolution finale qui nous unira dans l'action, je tiens à vous demander, une fois de plus, si vous avez à ajouter quelque chose aux déclarations que vous avez déjà faites. Page – 439 LE PHILANTHROPE Oui, je tiens à redire que j'ai consacré toute ma vie au soulagement de l'humanité ; pendant de nombreuses années, j'ai essayé de toutes les méthodes connues ou possibles ; mais aucune ne m'a donné des résultats satisfaisants, et je suis maintenant convaincu qu'il me faut découvrir la Vérité si je veux réussir dans mon entreprise. En effet, à moins qu'on ait trouvé le sens véritable de la vie, comment peut-on aider efficacement les hommes ? Tous les remèdes qu'on emploiera ne seront que des palliatifs, pas des guérisons. Seule la conscience de la Vérité peut sauver l'humanité.
LE PESSIMISTE J'ai trop souffert dans la vie ; j'ai éprouvé trop de désillusions, subi trop d'injustices, rencontré trop de misères ; je ne crois plus à rien, je n'espère plus rien ni du monde, ni des hommes. Je n'ai plus qu'un seul espoir, c'est de trouver la Vérité en admettant qu'il soit possible de la trouver !
LE PREMIER ASPIRANT Vous nous voyez ensemble ici, parce qu'une aspiration commune a rapproché nos existences ; mais aucun lien charnel ou même sentimental ne nous unit, une seule préoccupation domine notre vie : trouver la Vérité.
UN DES AMANTS (Montrant les Aspirants.) À l'encontre de nos deux amis ici présents, nous deux (il enlace son Amante), ne vivons que l'un par l'autre, l'un pour l'autre ; notre unique ambition est de réaliser une union parfaite, de ne plus être qu'un seul être dans deux corps, une seule pensée, une seule volonté, un seul souffle dans deux poitrines, un seul battement dans deux cœurs ne vivant que de leur amour, dans leur amour, pour leur amour. C'est la vérité parfaite de l'amour que nous voulons découvrir et vivre, c'est à cela que nous avons consacré notre existence. Page – 440 L'ASCÈTE Quant à moi, il ne me paraît pas que la Vérité puisse être atteinte si aisément. Le chemin pour y parvenir doit être sévère, abrupt, escarpé, plein de dangers, de risques, de menaces, d'illusions trompeuses. Une volonté inébranlable, des nerfs d'acier sont nécessaires pour surmonter tous les obstacles. Aussi suis-je prêt à tous les sacrifices, toutes les austérités, tous les renoncements, pour me rendre digne du but sublime que je me suis proposé.
L'ARTISTE (Se tournant vers les autres.) Vous n'avez plus rien à ajouter ?... Non. Alors nous sommes tous bien d'accord : nous allons tous ensemble et unissant nos efforts, gravir cette montagne sacrée qui mène vers la Vérité. C'est une entreprise difficile et ardue, mais qui vaut d'être tentée, car en arrivant au sommet on contemple la Vérité et nécessairement tous les problèmes sont résolus. Ainsi, demain, nous nous retrouverons tous au pied de la montagne et, ensemble, nous commencerons l'ascension. Au, revoir.
(Tous se retirent après avoir répondu : "Au revoir".) Page – 441 Les sept étapes de l'Ascension
PREMIÈRE ÉTAPE
(Une sorte de plateau verdoyant d'où l'on a une vue d'ensemble de la vallée. À partir de ce plateau la route, facile et large jusque-là, devient brusquement étroite et contourne les contreforts de la montagne qui s'élève massive et rocheuse, à gauche. Tous arrivent ensemble, pleins d'énergie et d'enthousiasme. Ils contemplent la vallée qu'ils dominent. Puis d'un geste, le Philanthrope les rassemble.)
LE PHILANTHROPE Mes amis, j'ai à vous parler. J'ai des choses graves à vous dire. (Silence, tous écoutent attentivement.) Gaiement, aisément, nous avons gravi tous ensemble la montagne jusqu'à ce plateau d'où nous pouvons contempler la vie et mieux comprendre ses problèmes et la cause de la souffrance humaine ; notre connaissance devient plus vaste et plus profonde, et nous sommes plus à même de trouver la solution que je recherche... (un silence) Mais ici, nous arrivons à un tournant décisif. Maintenant l'ascension va devenir plus escarpée, plus difficile, et surtout nous allons passer sur l'autre flanc de la montagne, d'où nous ne pourrons plus voir la vallée et les hommes. Ainsi il faudra que je renonce à mon œuvre, que je trahisse le serment que je me suis fait d'aider l'humanité. Ne me demandez pas de rester avec vous : il faut que je vous quitte et que je retourne à mon devoir.
(Il reprend la route de la descente. Les autres se regardent surpris et déçus, puis :)
L'ASCÈTE Pauvre ami ! le voilà redescendu, vaincu par l'attachement à son œuvre, Page – 442 par l'illusion du monde extérieur et de ses apparences ; mais rien ne doit ralentir notre élan : continuons notre route, sans regret, et sans hésitation.
(Ils se remettent en route.)
DEUXIÈME ÉTAPE
(Une portion du chemin dont la pente s'accentue et qui tourne à angle droit, de sorte qu'il est impossible de voir où il mène. Au-dessus, un long nuage blanc très épais, l'isole complètement du monde. Tous passent plus ou moins allègrement, excepté le Pessimiste qui arrive le dernier d'un pas traînant et qui tombe assis sur un talus bordant la route. Il se prend la tête dans les mains et reste là, sans bouger. Les autres, s'apercevant qu'il ne les suit pas, se retournent. Un des Étudiants revient sur ses pas et le touche à l'épaule.)
L'ÉTUDIANT Eh bien, mon vieux ! qu'est-ce qu'il y a ? Tu es fatigué ?
LE PESSIMISTE (Le repoussant du geste.) Non, laisse-moi, laisse-moi tranquille. J'en ai assez ! C'est impossible !
L'ÉTUDIANT Mais pourquoi ? Voyons ! un peu de courage !
LE PESSIMISTE Non, non, je te dis que je n'en peux plus. C'est une aventure idiote et impossible. (Montrant le nuage sous leurs pieds) Regarde-moi ça ! Nous sommes complètement coupés du monde et de la vie ; plus rien, plus rien sur quoi s'appuyer pour comprendre. Page – 443 (Il se retourne du côté du tournant à angle droit.) Et là ! on ne peut même pas voir où l'on va ! C'est une absurdité ou une tromperie peut-être les deux ! Après tout, peut-être n'y a-t-il même pas de Vérité à découvrir. Le monde, la vie, n'est-ce point un enfer sans issue dans lequel nous sommes emprisonnés ! Continuez si vous voulez. Moi je ne bouge plus ; je ne veux pas être une dupe !
(Il enfonce de nouveau sa tête dans ses mains. L'Étudiant perdant l'espoir de le convaincre et ne voulant pas s'attarder, le laisse à son désespoir et va rejoindre les autres, pour continuer leur ascension.)
TROISIÈME ÉTAPE
(Le Savant et l'Artiste arrivent ensemble à la queue au groupe, comme s'ils s'étaient attardés en parlant. Ils sont a la fin de leur conversation.)
LE SAVANT Oui, comme je vous le disais, je crois que nous nous sommes embarqués un peu à la légère dans cette aventure.
L'ARTISTE Il est vrai que jusqu'à présent notre ascension semble assez stérile. Ce n'est pas que nous ayons manqué d'observations fort intéressantes. Mais ces observations n'ont pas été très productives dans leurs résultats.
LE SAVANT Oui, je préfère mes méthodes elles sont beaucoup plus rationnelles ; elles sont basées sur une expérimentation constante, et je n'avance d'un pas qu'après m'être assuré de la validité du pas précédent. Appelons nos amis je crois nécessaire de leur faire une communication. Page – 444 (Du geste et de la voix il appelle les autres. Quand ils se sont approchés, le Savant reprend, s'adressant à eux :) Mes chers amis, mes compagnons de route, de plus en plus, à mesure que nous nous éloignons du monde et de sa réalité concrète, j'ai l'impression croissante que nous agissons comme des enfants. Il nous a été révélé que si nous gravissons cette montagne escarpée que personne encore n'a pu escalader jusqu'au sommet, nous atteindrons la Vérité et nous nous sommes mis en route sans même avoir pris soin d'étudier le chemin de l'ascension. Qui nous dit que nous ne nous sommes pas trompés de route? Qui nous assure que le résultat sera conforme à nos espérances ? Il me semble que nous avons agi avec une légèreté impardonnable et que notre entreprise n'a rien de scientifique ; j'ai donc décidé, à mon grand regret cependant, parce que mon amitié pour vous tous reste intacte, que je dois m'arrêter ici, pour étudier le problème, pour me former, si possible, une certitude sur le chemin à suivre, sur le chemin correct, celui qui doit aboutir. (Un temps) D'ailleurs je suis convaincu que si je puis trouver le secret de la constitution de la moindre chose dans la nature, disons de cette modeste pierre sur le chemin, j'atteindrai du même coup à la Vérité que nous recherchons, je reste donc ici, et vous dis, au revoir oui, au revoir, je l'espère ; car peut-être reviendrez-vous vers moi et les méthodes scientifiques ; ou bien, si j'ai trouvé ce que je cherche, irai-je vers vous pour vous porter la bonne nouvelle.
L'ARTISTE Moi aussi, je pense à vous quitter. Mes raisons ne sont pas les mêmes que celles de notre ami le savant, mais elles sont aussi impérieuses. Durant notre si intéressante escalade, j'ai eu des expériences ; des beautés nouvelles m'ont été révélées ; ou plutôt un sens nouveau de la beauté est né en moi ; et, en même temps, j'ai été saisi d'un besoin ardent, Page – 445 impérieux, d'exprimer mon expérience en des formes concrètes, de les précipiter dans la matière, afin qu'elles puissent servir à l'éducation de tous, et surtout que le monde physique en soit illuminé. Je vais donc vous quitter, à regret, et demeurer ici jusqu'à ce que je donne corps à mes impressions nouvelles. Lorsque j'aurai dit tout ce que je voulais dire, je reprendrai l'ascension et vous rejoindrai, en quête de nouvelles découvertes, là ou vous serez arrivés. Au revoir, et bonne chance !
(Tous les autres se regardent un peu interloqués puis la jeune Étudiante s'écrie : )
L'ÉTUDIANTE Que nous importent les défections ! Chacun suit son destin et agit selon sa propre nature. Rien ne peut nous détourner de notre entreprise. Poursuivons notre route, courageusement, hardiment, sans faiblir !
(Tous s'éloignent, sauf le Savant et l'Artiste.)
QUATRIÈME ÉTAPE
(Les deux Aspirants et l'Ascète, en un seul groupe, passent sans s'arrêter, continuent leur ascension d'un pas ferme et régulier. Derrière eux viennent les Amants, absorbés en eux-mêmes, marchant la main dans la main, sans s'occuper des autres. Juste derrière eux, les trois Étudiants arrivent, visiblement fatigués. Ils s'arrêtent.)
LE PREMIER ÉTUDIANT Eh bien, mes enfants ! pour une escalade, c'est une escalade ! Page – 446 Quel chemin ! Ça monte, ça monte sans arrêt, on n'a pas le temps de souffler je commence à être fatigué.
L'ÉTUDIANTE Quoi donc ! toi aussi tu veux nous lâcher ? C'est pas chic !
LE PREMIER ÉTUDIANT Non, non, il n'est pas question de lâchage. Mais si on se reposait un peu ? si on s'asseyait un moment pour reprendre haleine ? rien que pour souffler un peu ; et les jambes, elles font mal ! On grimpera bien mieux après s'être détendu. Soyez gentils asseyons-nous un petit moment, un petit moment seulement. On repartira après avec plus d'ardeur. Vous verrez !
LE DEUXIÈME ÉTUDIANT Bon ! on ne veut pas te laisser là tout seul à te morfondre. D'ailleurs, moi aussi, je me sens quelque peu fatigué. Asseyons-nous ensemble. Nous nous raconterons ce que nous avons vu et appris.
L'ÉTUDIANTE (Après une seconde d'hésitation s'asseyant aussi.) C'est bien pour ne pas vous fausser compagnie. Mais il ne faut pas rester longtemps. Il est toujours dangereux de s'attarder en route...
(Les Amants se retournent et, les voyant assis, s'éloignent.)
CINQUIÈME ÉTAPE
(Sensiblement plus haut. La route est plus étroite et domine un vaste horizon la vallée étant toujours cachée aux yeux par d'épais nuages blancs. A gauche, un peu en arrière de la route, se dresse une petite maison faisant face à l'espace. Page – 447 Les trois premiers passent sans s'arrêter. Puis arrivent les Amants enlacés, absorbés dans leur rêve à deux.)
L'AMANTE (S'apercevant qu'ils sont seuls.) Tiens ! plus personne nous sommes seuls. Qu'importe les autres ! nous n'avons pas besoin d'eux, ne sommes-nous pas parfaitement heureux ensemble !
L'AMANT (Apercevant la maison en rebord de la route.) Regarde, ma chérie, cette petite maison au flanc de la montagne, solitaire mais si accueillante, si intime et pourtant ouverte sur l'espace infini. Elle semble avoir été créée exprès pour nous. Que nous faut-il davantage ? Un lieu idéal pour abriter notre union. Car nous avons réalisé, à nous deux, une union parfaite, totale, sans ombre et sans nuage. Laissons les autres à leur escalade vers une problématique Vérité nous avons trouvé la nôtre, notre vérité à nous elle nous suffit.
L'AMANTE Oui, mon bien-aimé, allons nous installer dans cette maison et jouissons de notre amour sans nous soucier d'autre chose.
(Toujours enlacés, ils quittent le chemin et se dirigent vers la maison.)
SIXIÈME ÉTAPE
(La fin du chemin devenu tout à fait étroit et s'arrêtant brusquement devant un rocher immense qui dresse vers le ciel sa muraille à pic dont on ne peut apercevoir le sommet. À gauche s'étend une sorte de plateau de petite dimension, au fond duquel on aperçoit une hutte basse et exiguë. Page – 448 L'ensemble est dénudé et désert. Les trois derniers arrivent ensemble. Mais l'Ascète s'arrête et retient du geste les deux autres.)
L'ASCÈTE J'ai une communication importante à vous faire. Ayez tous deux la bonté de m'entendre. Au cours de notre ascension, j'ai découvert mon être véritable, mon vrai Moi. Je me suis uni à l'Éternel et rien d'autre n'existe plus pour moi ; rien de plus n'est nécessaire. Tout ce qui n'est pas Cela est illusion, méprisable. Je considère donc que je suis arrivé au bout du chemin. (Il montre du bras le plateau à gauche.) Et voilà, justement, un lieu sublime et solitaire ; le lieu vraiment favorable à la vie que, désormais, je vais mener. J'y demeurerai dans une contemplation parfaite, loin de la terre et des hommes, enfin libéré de la nécessité de vivre.
(Sans rien ajouter, sans un geste d'adieu, sans se retourner, il s'éloigne tout droit vers la réalisation de son but personnel. Les deux Aspirants restés seuls, se regardent un peu émus par la grandeur du geste. Mais aussitôt, ils se ressaisissent et l'Aspirante s'écrie : )
L'ASPIRANTE Non ! cela ne peut pas être la Vérité, toute la Vérité. La création universelle ne peut pas être rien qu'une illusion dont il faille s'échapper. D'ailleurs nous ne sommes pas encore au sommet de la montagne ; nous n'avons pas encore terminé notre ascension.
L'ASPIRANT (Montrant la fin du chemin aboutissant à la muraille rocheuse presque verticale.) Mais ici s'arrête le chemin tracé. Il semble qu'aucun être humain ne soit allé plus loin. Pour escalader ce rocher abrupt qui se dresse devant nous et semble inaccessible, nous devrons découvrir par nous-mêmes le moyen d'avancer, Page – 449 pas à pas, par notre seul effort, sans guide, sans aide autre que notre volonté et notre foi. Nous aurons sans doute à creuser notre propre route.
L'ASPIRANTE (Vivement.) Peu importe ! avançons, avançons toujours. Il nous reste quelque chose à trouver : la création a un sens qu'il nous faut découvrir.
(Ils se remettent en marche.)
SEPTIÈME ÉTAPE
Le Sommet
(Les deux Aspirants qui ont résisté vaillamment à toutes les épreuves, se hissent par un suprême effort jusqu'au sommet, en pleine lumière. Tout n'est que lumière sauf le tout petit bout de rocher sur lequel ils sont parvenus et qui est à peine assez grand pour que leurs quatre pieds puissent s'y poser.)
L'ASPIRANT Enfin, au sommet ! La Vérité étincelante, éblouissante, rien qu'elle.
L'ASPIRANTE Tout le reste a disparu. Les échelons à l'aide desquels nous avons si laborieusement gravi jusqu'à la cime, se sont effacés.
L'ASPIRANT Le vide, derrière, devant, partout ; juste la place de poser nos pieds, sans plus. Page – 450 L'ASPIRANTE Où aller maintenant ? que faire ?
L'ASPIRANT La Vérité est là, seule, tout autour, partout.
L'ASPIRANTE Pourtant, pour la réaliser, il nous faut aller plus loin. Et pour cela un autre secret est à trouver.
L'ASPIRANT De toute évidence, ici prend fin toute possibilité d'effort personnel. C'est une autre puissance qui doit intervenir.
L'ASPIRANTE La Grâce, seule la Grâce peut agir. Elle seule peut nous ouvrir le chemin, elle seule peut accomplir le miracle.
L'ASPIRANT (Le bras tendu vers l'horizon.) Regarde, regarde, là-bas, très loin, de l'autre côté de l'abîme sans fond, ce sommet resplendissant de lumière éclatante, ces formes parfaites, cette harmonie merveilleuse, la Terre promise, la Terre nouvelle !
L'ASPIRANTE Oui, c'est là, là qu'il faut aller : mais comment ?
L'ASPIRANT Puisque c'est là que nous devons aller, le moyen nous en sera donné.
L'ASPIRANTE Oui, il faut avoir la foi, la confiance absolue en la Grâce, l'abandon total au Divin Page – 451 L'ASPIRANT Oui, un don de soi absolu à la Volonté Divine. Et puisque tout chemin visible a disparu, il faut nous jeter sans crainte et sans hésitation, dans une confiance totale.
L'ASPIRANTE Et nous serons portés là où nous devons aller.
(Ils sautent.) Page – 452 Épilogue
La Réalisation
(Un pays de lumière féerique.)
L'ASPIRANT Nous voilà arrivés : portés sur des ailes invisibles, par un pouvoir miraculeux.
L'ASPIRANTE (Regardant tout autour d'eux.) Quelle splendeur merveilleuse ! Il ne nous reste plus qu'à apprendre la vie nouvelle.
(Rideau.) Page – 453 |